RSE & PME : un défi impossible ?

Mettre en place une politique RSE (Responsabilité Sociétale de l’Entreprise) pour une PME peut sembler être un chantier titanesque. Beaucoup de priorités, peu de temps, une petite taille, peu de budget… Les raisons de se décourager ou de se dire qu’on aura peu d’impact sont nombreuses.

Parfois poussées par des initiatives internes ou par leurs clients grands comptes, les PME françaises sont nombreuses à avoir mis en place de premières actions (85% selon une étude de Goodwill Management) mais peu à avoir formalisé leur démarche (seulement 24% selon la même étude). Avoir implémenté quelques actions RSE est néanmoins une première marche de franchie vers une démarche structurée. La première étape pour s’y engager est d’être convaincu de son intérêt !

Quel intérêt de mettre en place une stratégie RSE quand on est une PME ?

• Mettre ses valeurs au cœur de sa stratégie : peu importe la taille de votre entreprise, vous avez sûrement déjà des valeurs fortes qui guident vos actions et votre business au quotidien. Construire une stratégie RSE vous permettra de mettre en cohérence votre business avec ces valeurs et pourra agir comme un gouvernail de vos décisions business. C’est par exemple le cas de la société Anaïk, dont les valeurs de co-construction et de fidélisation des collaborateurs ainsi que la volonté forte de coupler rentabilité et durabilité a amené à développer des gammes de produits innovants spécifiques pour ses clients

• Préparer l’avenir : évolutions réglementaires, dérèglement climatique, changements sociaux, etc. : prendre en compte dès maintenant les enjeux RSE dans sa stratégie est la garantie d’anticiper les transformations du secteur et d’adapter son business model à bon escient.  Effectuer cet exercice vous permettra de déterminer s’il faut remplacer certains matériaux de vos produits, modifier leurs qualités environnementales pour répondre aux attentes des consommateurs voire d’adapter votre modèle à l’économie de la fonctionnalité, en proposant les produits à la location plutôt qu’à la vente

• Se forger un avantage compétitif : certains d’entre vous le voient déjà, les clients (grands comptes, collectivités) et institutionnels sont de plus en plus exigeants en matière de RSE, et valorisent les certifications et labels environnementaux ou sociaux (Ecovadis, ISO 14 001, B Corp, LUCIE, Great Place to Work, etc.) dans leurs appels d’offre. Avoir mis en place une démarche RSE est de plus en plus souvent un avantage compétitif. Ne pas l’avoir fait sera probablement, à terme, un désavantage…

• Motiver et fédérer les collaborateurs : la RSE est un puissant levier de motivation et de performance pour les équipes, 58% des candidats affirment que la politique RSE d’une entreprise a un impact sur leur choix (Source : enquête IFOP, Le regard des français dur la RSE et leur appropriation) , et 72% des collaborateurs aimeraient être associés aux réflexions sur le sujet (Source : Baromètre Cegos 2021). C’est donc un moyen de les engager à long terme dans l’entreprise !

Par où commencer ?

• Démarrer par un diagnostic : même si vous n’avez que quelques salariés, un diagnostic peut être fait à la hauteur de vos moyens. Tout d’abord, listez tout ce que vous faites déjà (et n’hésitez pas à interroger vos salariés) sur le sujet de la RSE, même si ce n’est pas toujours formalisé.  De plus, des outils gratuits ou très peu chers existent maintenant pour faire une première estimation de bilan carbone : Greenly, Hellocarbo ou le calculateur de la Fondation Goodplanet par exemple. C’est une première marche pour identifier vos priorités en matière de réduction des émissions, avant d’aller plus loin, vers un bilan carbone plus complet ou une Analyse de Cycle de Vie pour identifier l’ensemble des enjeux environnementaux

• Être capable de lister ses parties prenantes, c’est-à-dire tout son écosystème (clients, fournisseurs, salariés, collectivités, associations, médias, etc.) et leurs principaux enjeux. Naturellement, cela permettra de se mettre en contact avec elles et d’identifier des points d’attention et nouvelles opportunités. Par exemple, vous pourrez réfléchir avec la collectivité pour trouver le meilleur endroit où installer votre usine (pour favoriser l’emploi tout en préservant la biodiversité) ou rencontrer les autres entreprises de la zone et en identifier une qui utilise comme intrants certains de vos déchets (ou vice-versa) pour optimiser l’impact du cycle de vie de vos produits

• Benchmarker ses concurrents : quoi de plus facile pour trouver des idées que de regarder ce que font les entreprises de son secteur et de sa taille ? Vous pourrez identifier les actions pertinentes à répliquer, mais également mesurer la maturité de votre secteur sur ces enjeux ! Si plusieurs de vos concurrents sont dans une démarche éco-responsable, il est temps de commencer !

• Former l’ensemble des collaborateurs à la RSE : les initiatives RSE n’ont pas toutes à venir d’en haut, et former les collaborateurs aux enjeux peut permettre de favoriser les écogestes (meilleure gestion de l’énergie et des équipements, alimentation plus locale et moins carnée, tri des déchets, limitation des déplacements en avion, etc.), voire de faire émerger des démarches bottom up (définition de critères d’achat responsable, communication responsable, etc.) dans chaque service. En particulier, former les managers permettra de leur donner des outils pour commencer une démarche à leur échelle

• Identifier quelques personnes référentes sur le sujet : il n’est pas nécessaire, comme dans une grande entreprise, de recruter une personne dédiée à la RSE ! En fonction de votre taille, identifiez un salarié actuel motivé qui pourra consacrer une partie de son temps (15 à 20%) à coordonner les sujets. Chaque salarié sur son périmètre de responsabilité pourra également piloter certaines actions. Le Responsable des Opérations pourra piloter les actions pour réduire les consommations d’énergie de la chaîne de production, quand le Responsable R&D réfléchira à l’écoconception des produits. Identifier des relais et ambassadeurs de la stratégie RSE est clé pour la diffuser et la faire vivre en interne !

• Prioriser les actions et identifier les « quick wins » : identifiez quelques actions prioritaires, en fonction de leur impact et de leur faisabilité. Soyez également réalistes par rapport au temps que vous laisse l’activité. Enfin, couplez des actions de long terme qui demandent un suivi d’un côté, et des « quick wins » de l’autre, c’est-à-dire des actions faciles et rapides à mettre en place, pour mettre en mouvement l’entreprise sur ces sujets !

Alix Lemaire, Responsable RSE chez Capital Croissance